Grasse, « capitale » de la Provence orientale aux XVIIe et XVIIIe siècles, fait partie de ces cités qui concentrent nombre d’institutions hospitalières ou d’associations dont la dénomination traduit l’idéal : « Hôtel-Dieu », « Miséricorde », « Providence », « Charité », « Mont-de-piété ».
La plupart de ces institutions ne font leur apparition qu’au cours de cette période moderne, indépendamment des directives royales et du pouvoir municipal, souvent à l’initiative de « pieuses personnes » et avec l’appui du pouvoir épiscopal. D’une grande complémentarité, elles enrichissent l’offre d’assistance de la cité et se répartissent des populations dont elles n’hésitent pas à préciser le profil dans leurs textes normatifs : « malades de tout âge et de tout sexe », « passants », « pèlerins », « pauvres honteux » ou « incurables ».
Ce sont ces institutions, demeurées à l’écart de l’historiographie locale en dépit de l’abondance de leurs archives, que Gilles Sinicropi propose de découvrir. Après en avoir retracé les origines, il aborde le problème de leur gouvernement, soulignant l’implication des élites, la très grande diversité du personnel, les difficultés que peut poser leur recrutement, mais également la variété des méthodes de gestion et des stratégies utilisées pour assurer un équilibre financier.
Gilles Sinicropi s’attarde ensuite sur ceux qui soignent tout autant les corps que les âmes : aumôniers, médecins « diplômés » de l’Université, « artisans » chirurgiens et apothicaires, infirmiers et infirmières, parfois de circonstance, clercs ou laïcs. Il tente d’en saisir la variété, les conditions et difficultés de recrutement, le rôle, mais également les exigences qui peuvent parfois faire écho à celles des administrateurs ou donner lieu à des différends durables.
Tous, à Grasse, tentent de soulager ces « pauvres épars » dont Gilles Sinicropi brosse par ailleurs le portrait à l’aide de sources inédites.
Gilles SINICROPI est enseignant et docteur en Histoire. Après avoir édité sa thèse sur l’implantation de la réforme thérésienne dans le royaume de France (« D’oraison et d’action ». Les Carmes déchaux en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, P.U.S.E., 2013), il a consacré plusieurs ouvrages à des lieux et à des acteurs de la vie religieuse en Provence orientale sous l’Ancien Régime. Il travaille actuellement à la publication d’un second volume consacré aux hôpitaux de Grasse et plus particulièrement à l’Hôpital général de la Charité.