1976-79
• 1976-1979 : six étudiants, une association, une revue, quelques livres et… des idées !
Au milieu des années 1970, Nice ne comptait aucune maison d’édition de librairie.
Depuis la fin du XIXe siècle, qui vit la disparition du Cabinet littéraire Visconti, l’édition de librairie était presque uniquement le fruit de l’initiative privée et des institutions publiques. Sporadiquement, quelques libraires ou quelques imprimeurs avaient tenté la publication d’ouvrages à caractère régional mais, systématiquement, l’expérience avait été sans lendemain.
En 1976, un groupe d’étudiants fraîchement diplômés de l’Université, passionnés de culture locale, décide de pallier ce manque : ils fondent une association régie par la loi de 1901, la Société d’Études et de Recherches Régionales dont les initiales constituent le sigle de la première maison d’édition niçoise, aux objectifs clairement définis (défense et promotion de la culture régionale du Comté de Nice et de la Provence orientale).
Peu de temps après paraît L’Entrelus, revue d’études régionales dont la vocation pluridisciplinaire est très affirmée.
Les premiers livres sont publiés dans la foulée : les «Contes pour un Caganis», de Pierre Roux, le «Mémoire sur les Monnaies de Provence» de Jules Fauris de Saint Vincent, les dictionnaires Niçois-Français et Français-Niçois de Georges Castellana précèdent de peu une première réalisation d’envergure : «Le Massif du Mercantour et des Alpes-Maritimes», ouvrage collectif publié sous l’égide de l’Association des Amis du Parc National du Mercantour, et patronné par S.A.S. le prince Rainier III de Monaco. Son tirage record (10 000 exemplaires) et sa qualité rédactionnelle permettront de forcer quelque peu la main au ministre de l’Environnement Michel d'Ornano pour la création, en 1979, du Parc National du Mercantour.
1980-84
• 1980-1984 : une Sarl, beaucoup de livres, encore des idées et... une gamelle !
Forte de ses précédents succès, l’association se transforme en société commerciale en mai 1979 et reçoit la lourde mission de réaliser, pour le compte du Préfet des Alpes-Maritimes, un ouvrage de prestige sur le département, «Visages des Alpes-Maritimes».
La première collection, lancée en 1980 (Les Régionales), souhaite rassembler les monographies des villes et villages de la région. Initiée avec «Sospel», elle s’est poursuivie sans interruption jusqu’à aujourd’hui et compte désormais une quarantaine de titres.
En 1980, une tentative de percée nationale, avec le rachat de la revue spécialisée «Minéraux et Fossiles» restera sans lendemain, malgré la publication de superbes ouvrages spécialisés dans le domaine des sciences de la terre, comme «Ammonites», de Gérard Thomel, conservateur du Museum d’Histoire Naturelle de Nice, paru en 1980, ou «Mines et Minéraux de la Provence Cristalline», de Gilbert Mari, publié la même année. Partie prenante du Festival International du Livre et de la Presse de Nice depuis sa création, Serre participe à la dernière édition de ce salon pionnier en avril 1981.
Parallèlement, les beaux livres sur la région sortent d’imprimeries désormais plus éloignées de notre région (Sadag, dans l’Ain; Maury, à Millau...)?: «Le Carnaval de Nice et ses Fous», d’Annie Sidro, «Sillons», de José Banaudo, Gérard Colletta et Michel Faraut. De nouvelles «plumes» viennent rejoindre l’équipe d’origine : Roger Driès publie, en 1981, «Le Tour de France de chez nous» à l’occasion du départ de Nice de la «grande boucle», Jean-Pierre Beretti nous fait découvrir les «Champignons de Provence et des Alpes du Sud» en 1982 pendant que Daniel Riba nous guide dans «La Vallée des Merveilles» tout en nous conviant à la recherche des «Dolmens et Menhirs de Provence». Alain Sabatier défie les imprimeurs avec son «Grasse, portrait d’une ville provençale» et René Preyval nous conte la longue histoire d’amour entre Nice et le 7e Art dans «80 ans de Cinéma à Nice».
1985-90
• 1985-1990 : reconnaissance, années techno, diversification et ... toujours des idées !
Le nombre d’ouvrages publiés annuellement augmente sans cesse mais, confrontée à de sérieux problèmes de prix de revient, Serre tente, à partir de 1984, de les baisser en intégrant sans réserve les nouvelles technologies?: la photocomposition traditionnelle puis la PAO en 1985, la photocomposition numérique en 1986, la photogravure numérique en 1990. A la fin de l’année 1985, les éditions Serre quittent la colline de Cimiez, où elles s’étaient établies en 1978 (au 66 avenue George V) pour rejoindre leur siège actuel de la rue de Roquebillière, dans le quartier Saint-Roch.
En 1986, Serre et l’Office Départemental d’Action Culturelle du Conseil Général des Alpes-Maritimes s’allient pour publier une nouvelle revue, «Mesclun». Jusqu’en 1990, 23 livraisons se succèderont tous les trimestres. Une revue bilingue franco-italienne est lancée dans la même période, avec la collaboration du département des Alpes-Maritimes et des provinces d’Imperia et Cuneo : «Alpi del Mare».
Une centaine de livres est publiée durant cette période, avec des réimpressions de livres à succès, comme Sillons ou Per Carriera, et de beaux livres, comme Bergers de Provence et du Pays Niçois, paru en 1989. Les dictionnaires de Castellana et l’Histoire de Nice et de son Comté d’André Compan sont réimprimés continuellement, tous les deux ans. Le centenaire de La Côte d’Azur, célébré avec faste en 1988, permettra la réédition à l’identique du livre de Stéphen Liégeard et la première production non livresque de Serre?: le Jeu de Cartes Historiques du Pays Niçois.
En parallèle, et dans le but de rentabiliser les lourds investissements que ces technologies naissantes imposaient à l’époque, la société développe une activité de sous-traitance et réalise de nombreux périodiques et travaux d’édition pour le compte de tiers (Crédit Agricole, TNL, Mairies de Nice, Cagnes-sur-Mer, Lucéram, Seillans, Conseil Général des Alpes-Maritimes, Arkopharma, Acropolis, etc).
1991-96
• 1991-1996 : l’aventure corse, le high-tech et surtout … les idées !
En 1991, Serre publie le tout premier ouvrage français de la catégorie «Beaux Livres» intégralement réalisé sur micro-ordinateur : le Carnet de Voyage de Jules G., d’Alex Benvenuto. La même année voit également sortir des presses la belle étude que Marcelle Baby-Pabion a consacrée au plus célèbre des peintres primitifs niçois de la Renaissance, Ludovic Bréa.
La parution de l’ouvrage collectif consacré à Pasquale Paoli, héros de l’indépendance corse, suivi de l’ouvrage d’art intitulé «Corse Baroque» de Christiane Lorgues-Lapouge conduira Serre à ouvrir une succursale à Ajaccio.
Les difficultés de communication, propres à la Corse, et l’absence de distribution efficace mettront un terme à cette nouvelle expérience au bout d’une année.
Dès lors, Serre va se consacrer presque exclusivement au Comté de Nice et aborde des sujets jusque là extérieurs à sa ligne éditoriale. La cuisine notamment, mise à l’honneur avec «Les Recettes de Réparate», de Colette Bourrier-Reynaud et les «Carnets de Cuisine de Nice et du Pays Gavot» d’Alex Benvenuto ouvrent la voie à une longue série de titres consacrés à la gastronomie niçoise.
Sur le plan technique, ces années marquent l’arrivée à maturité de la PAO et de ses dérivés directs. Typographie et photogravure traditionnelles entrent au Musée par la petite porte, tant il est vrai que l’arrivée en force de l’informatique légère rend obsolètes toutes les habitudes de la profession...
Fidèle à sa doctrine en la matière, Serre s’engage résolument dans ce créneau?: flasheuse haut de gamme, scanners, ordinateurs et logiciels adéquats n’ont plus beaucoup de secrets pour le personnel, très spécialisé il est vrai, de la maison. Grâce à la réduction considérable des frais fixes que génèrent ces nouvelles technologies, de très beaux livres peuvent voir le jour (ou le revoir, comme Sillons et Per Carriera, réédités dans de nouvelles versions en 1993 et 1995) : Pour Copie Conforme, de René David et Michel Desclaux, Nice 1900, Hôtel Régina, Provence de la VIgne et des Vins sont bien représentatifs de cette période où l’image prend définitivement le pas sur le texte...
1997-2001
• 1997-2001 : production vidéo, arrivée sur le net, horizons lointains et surtout … des idées !
En 1996 naît le département vidéo qui produira une vingtaine de documentaires et un CD-ROM consacrés à la région, et la première méthode audio-visuelle d’enseignement du Niçois, coproduite avec la Ville de Nice?: Jouan Badola, vai a l’escola réalisée avec six enseignants de niçois des écoles et collèges de la ville, avec pour acteurs une dizaine de gamins de CM2. Rattrapée par les innovations technologiques, l’arrivée du DVD et confrontée aux problèmes de la copie illégale, Serre met un terme à ses activités de production vidéo régionale au bout de six ans.
La même année, la société s’installe sur Internet et devient l’une des tous premiers éditeurs français présents sur la toile à une époque où le web est essentiellement anglophone; catalogue en ligne, prise de commande sécurisée par carte bancaire, messagerie : tous les ingrédients d’un bon site de commerce électronique sont déjà présents sur www.serre-editeur.com...
L’activité éditoriale n’en est pas délaissée pour autant : les progrès constants des technologies permettent désormais d’envisager l’édition de luxueux albums, qui vont se succéder à partir de 1998 : le Consiglio d’Ornato de A. Scoffier et P. Blanchi sera le premier d’une série consacrée au développement urbain de Nice : Les Folies et Du château vers le Paillon, de Luc Thévenon, précèderont Nice, capitale d’hiver de Robert de Souza. Les premières publications en langues étrangères voient aussi le jour durant cette période, avec la traduction, en anglais et en italien, des livres de cuisine d’Alex Benvenuto, des recueils d’aquarelles de Sylvie T. et du Carnaval de Nice d’Annie Sidro.
Un nouveau tournant survient en janvier 1999 avec la création de l’Institut de Recherches sur le Patrimoine et les Identités Culturelles de la Méditerranée qui reprend les Éditions Jacques Gandini, spécialisées sur l’Algérie et le Maghreb. Enfin, l’an 2000 verra le lancement des deux premiers titres d’une nouvelle collection de prestige, l’Encyclopædia Niciensis : l’Armorial du Comté de Nice de Pierre Robert Garino et la Chronologie illustrée de l’histoire du Comté de Nice, de Michel Bourrier et Gérard Colletta.
2001-2008
• 2001-2008 : beaux livres à gogo, salons, expos, impression numérique et… nouvelles idées !
En 2002, Serre intensifie sa présence sur le web avec le lancement de sites non commerciaux : nicerendezvous.com, lancé en partenariat avec la société 3wpointcom, totalement intégré au groupe Serre en 2005, est devenu depuis le premier portail culturel indépendant de la région; nice-la-belle.com, est consacré à la défense de l’identité culturelle niçoise. La même année, elle intègre un service d’impression numérique qui lui permet de réduire les coûts de fabrication et de publier enfin des titres à diffusion restreinte à des prix abordables.
Dans le même temps, des partenariats avec des associations culturelles niçoises et provençales sont lancés : la collection «Counfeti», série de contes traduits en niçois destinés au tout petits avec la revue Lou Sourgentin; le Dictionnaire historique et Biographique du Comté de Nice et le Diciounàri Nissart-Frances avec la Fédération des Associations du Comté de Nice, Civitas Antipolitania et Cannes, ses lointaines origines avec la Société Littéraire et Scientifique de Cannes... Ces partenariats se poursuivent encore aujourd’hui.
Serre participe à tous les salons du livre, régionaux, notamment ceux de Nice et de Mouans Sartoux, et aux grandes expositions nationales (Paris ou elle est présente depuis 1998) et internationales (Alger, Beyrouth...)
La collection Equilibre s’étoffe : Les Peintres Primifs Niçois, de Paul Roque, les Fortification françaises et italiennes, 2 volumes de Claude Raybaud, les Frontières du Comté de Nice, de Luc Thevenon ou encore Nice, Promenade des Romains, de Jacques Dalmasso, l’Architecture à Nice, en deux volumes également, de Michel Stève, la Côte d’Azur de Georges Simenon de Paul Daelewyn, etc.
Per Carriera est une nouvelle fois mis à jour et de beaux albums sont consacré aux villes et villages de la région : Touët-sur-Var, La Turbie, La Trinité, Villefranche-sur-Mer, Pégomas. La collection «Ancre Solaire», lancée en 1993, en est à son cinquantième titre.
En janvier 2006 enfin, Serre éditeur reprend les Éditions Extrem-Sud, spécialisées dans la publication de guides des pistes du Sahara (Libye, Tunisie, Maroc).